Trouver sa vocation: vie sacerdotale, vie religieuse, mariage et célibat

Chers fidèles et chers amis,

 

Les mois d’été sont passés, et nous voilà déjà au mois de novembre, le mois des défunts. Ce numéro des feuilles du Sacré-Cœur a mis plus de temps que prévu pour sortir et je vous prie de m’en excuser. Demandons donc aux âmes des fidèles trépassés de nous éclairer pour éviter le péché puisque notre seul malheur est de le commettre. Elles savent, elles qui sont dans le feu du purgatoire, ce qu’il en coûte de commettre un péché. Le péché provoque une blessure à notre âme, blessure peut-être mortelle ?

 

Il provoque surtout une blessure au Sacré-Cœur de Jésus, il fait couler des larmes au Cœur Immaculé de Marie. Mais comment faire pour éviter le péché, du moins le plus grand nombre car, nous le savons, même le juste pêche sept fois le jour. Une des manières pour éviter le péché c’est d’être bien dans notre Vocation. Etre dans notre vocation c’est multiplier les chances de faire des actes vertueux et donc multiplier les chances d’éviter le péché. Comment être sûr d’être dans notre vocation ? Sommes- nous, peut-être, dans l’attente de savoir quel est le dessein de Dieu sur notre âme ? On peut se sauver dans toutes les conditions. S’il y a une hiérarchie dans les conditions comme nous allons le voir, ce qui compte pour nous c’est d’être dans la condition que Dieu veut pour nous, d’être dans notre vocation. 

 

Que l’on soit dans notre vocation ou qu’on ait manqué notre vocation d’une manière irréversible ou pas, d’une manière coupable ou pas aussi, nous sommes dans une condition donnée et nous avons toujours notre liberté, notre libre arbitre. Nous pouvons donc, même  étant dans notre vocation, être un bon ou un mauvais prêtre, religieux ou religieuse, père ou mère de famille, ou célibataire. Certes il sera plus facile de faire notre salut si nous sommes dans notre vocation mais il n’est pas impossible si nous n’y sommes pas. Le tout est d’ouvrir notre âme à la grâce. Comment trouver notre vocation ? Donner quelques repères théologiques pour faire un discernement.

 

La vie sacerdotale, la vie religieuse, l’état de mariage et les célibataires dans le monde ? Quatre états de vie bien différents les uns des autres qui s’ouvrent au choix du jeune homme ou de la jeune fille ou même de ceux qui sont déjà avancés en âge mais qui ne se sont pas encore engagés dans un état de vie irrévocable. Parlons tout d’abord des célibataires dans le monde.

 

Les jeunes, quand ils commencent à arriver à l’âge de se marier, deviennent naturellement des célibataires tant qu’ils ne se sont pas engager dans l’état conjugal. Le célibat peut revêtir deux formes, le célibat dans le monde avec vœux ou non de chasteté et le célibat consacré avec ou sans l’état sacerdotal, mais toutes ses formes ont un point commun celui de ne pas vivre marié et de n’avoir jamais été marié. La viduité, c’est-à-dire le fait d’être veuf ou veuve, en effet, est par nature, différent du célibat, bien que les obligations soient les mêmes et que le mode de vie identique. Chaque état a ses grâces et ses louanges et si nous nous occupons dans ce numéro des célibataires dans le monde osons poser cette question : Qui n’a pas reçu de bienfaits d’un ou d’une célibataire qui n’ayant pas charge de famille, ont été plus disponibles à nous rendre service ?

 

Sainte Marguerite-Marie Alacoque
Sainte Marguerite-Marie Alacoque (1648-1690). Elle fit le vœu de virginité quand elle était très jeune, ayant conçu, par grâce divine une idée de la laideur du péché insupportable…

 

L’Abrégé de Théologie dogmatique et morale de l’Abbé Berthier — édité en 1892 — aux pages 380 et 381, sur cet état de célibat qui est la meilleure alternative au mariage :

 

1530. À plus forte raison le mariage n’est-il pas de conseil ; tous le tiennent pour certain, dit Suarez ; (De Statu perf. l. 1. c. 7, 6). On peut, il est vrai, et on doit, le conseiller dans les quelques cas rares, où il est de précepte ; mais pour qu’une œuvre soit de conseil, il faut qu’elle soit meilleure que celle qui lui est opposée, et qui ne peut se faire en même temps.

 

1531. Or le célibat est meilleur et plus heureux ; c’est de foi. Écoutons le concile de Trente : Si quelqu’un dit que l’état conjugal doit être préféré à la virginité, ou au célibat, et qu’il n’est pas meilleur et plus heureux de rester dans la virginité ou dans le célibat que de se marier, qu’il soit anathème (Sess. 24, can. 10.). Cela est clair de par l’Écriture : Celui qui ne marie pas sa fille fait mieux (I. Cor. VII, 38). Les saints Pères exaltent souverainement la virginité. Dire donc d’une manière générale qu’une mère de famille a autant de mérites qu’une vieille fille, c’est une proposition hérétique. C’est pourquoi le vœu de se marier n’étant pas d’un bien meilleur est nul de plein droit. Aussi le catéchisme romain s’exprime-t-il ainsi. Puisque les pasteurs des âmes devraient toujours avoir en vue, la vie heureuse et parfaite du peuple chrétien, ils devraient surtout désirer ce que l’Apôtre désirait lui-même, lorsqu’il écrivait aux Corinthiens ces paroles :

« Je veux que tous soient comme moi » ; c’est-à-dire que tous pratiquent la vertu de continence. Rien, en effet, en cette vie, ne peut arriver de plus heureux pour les fidèles, que si leur esprit, dégagé des soucis de ce monde et ayant triomphé des inclinations de la chair, se repose dans le goût de la piété et la pensée des choses célestes (Cat. Rom. De Matrim.).

 

1532. Le célibat est permis : cette vérité appartient à la foi, d’après ce que nous avons dit. Il est possible, c’est certain, car rien n’est conseillé, ni commandé, qui ne soit au pouvoir de l’homme, aidé de la grâce de Dieu ; et Dieu prépare cette grâce à tout chrétien qui la demande et qui s’efforce de la mettre en pratique. Bien que Calvin ait enseigné que par ces paroles : Que celui qui peut comprendre, comprenne, le Christ a détourné les chrétiens du célibat, saint Jérôme, saint Thomas, (Opusc. 18, c. 8) et Suarez (De voto castitatis, c. 1, 21), disent au contraire que par ces mêmes paroles, le Christ les y a engagés. Que la virginité et le célibat soient possibles même dans le monde, on le prouve par l’expérience et par l’obligation de garder la chasteté, que l’Église impose avec raison, même aux prêtres, qui vivent dans le monde, et cela afin qu’ils exercent plus purement leurs saintes fonctions, et qu’affranchis des soins d’une famille, ils s’adonnent plus librement au salut des âmes.

 

1533. En lui-même le célibat n’est pas de précepte, c’est certain ; autrement le mariage serait un péché, ce qui est contraire à ce que nous avons établi à son propos. Par accident cependant, le célibat est de précepte pour celui qui est impuissant au mariage et pour ceux qui ont voué la chasteté.

 

1534. Le célibat est de conseil, c’est certain, puisque, selon le concile de Trente, il est meilleur. Qu’on remarque ces paroles du catéchisme romain : il est conseillé à chacun dans les Saintes Écritures. (De Matrim. 14.) Et dans un temps, où les hommes sont plus épris de l’amour de la volupté, que de l’amour de Dieu, si le prêtre n’enseigne cette vérité aux âmes en public et en particulier, qui l’enseignera ?… C’est ce qu’a enseigné saint Paul, et après lui tous les Docteurs, en particulier saint Chrysostome, saint Basile, saint Ambroise, saint Augustin, saint Jérôme, comme le prouvent leurs écrits. Et, c’est certainement un acte de vertu d’exhorter à un bien meilleur, possible, conseillé par le Christ ; et écarter d’un cœur chrétien, ne serait-ce que pendant quelque temps, le désir du mariage, c’est très souvent préserver l’esprit des jeunes gens, avant le mariage, des mauvaises pensées ; et après le mariage, du péril de l’onanisme, comme le prouve l’expérience.

 

1535. Si c’est un bien d’exhorter à ce qui est meilleur, c’est un mal d’en détourner. Ceci est vrai pour tous ; mais surtout pour le confesseur et le curé qui par office doivent procurer le bien des âmes. Saint Thomas dit à ce sujet : c’est une cruauté babylonienne et une malice d’Hérode que d’éteindre les bons désirs, avant qu’ils soient nés (Opusc. De eruditione princip. lib. 5, c. 30). 1536. Garder la virginité, ou le célibat, sans en faire le vœu, c’est un conseil ; s’affermir par un vœu à les garder, c’est un nouveau conseil, dit Suarez. (De statu perf.l. 1, c. 8, 3). Il ajoute que vouer la chasteté est une chose bonne et même très bonne, et que cette proposition est de foi, si on considère le vœu en lui-même, abstraction faite des circonstances. (l. 9. De voto castitatis, c, 1, 16). Il est meilleur, en effet, de donner l’arbre avec ses fruits que de donner les fruits seuls. Cependant pour conseiller le vœu de chasteté, il faut agir avec prudence.

Le Rosaire vivant de Pauline Jaricot

Pauline Jaricot (1799-1862)
Pauline Jaricot (1799-1862)

 

Pauline Jaricot est née à Lyon, le 22 juillet 1799, dans une famille de soyeux lyonnais, profondément attachée à l’Église. Sa vie s’écoule au cœur de Lyon, entre les paroisses de Saint-Nizier et Saint-Polycarpe, puis au pied de Notre-Dame de Fourvière. Elle connaît une enfance heureuse, imprégnée de l’affection et de la foi vive de ses parents et de ses frères et sœurs aînés. Les visites au Saint Sacrement et la Communion fréquente lui permettent très tôt une intimité avec le Seigneur.

 

Adolescente, elle aime les plaisirs, les mondanités, l’élégance et se détourne de Dieu, quand un sermon sur la vanité la bouleverse et va provoquer une véritable conversion intérieure.

 

À 17 ans, elle décide de consacrer sa vie au Seigneur, fait vœu de chasteté à la Chapelle de la Vierge de Fourvière à Noël 1816, tout en restant une laïque. Sa vie ne sera plus désormais qu’une longue montéevers Dieu. Elle puisera sa force dans la prière, l’Eucharistie, pour entreprendre ses multiples actions charitables, universelles, sans distinction de personnes. Âme de Feu, femme d’action, apôtre inlassable, elle prendra des initiatives audacieuses pour l’évangélisation, pour une plus grande justice sociale, tout en redonnant, le goût de la prière.

 

Entre 1819 et 1820, avec quelques amies parmi les ouvrières ou des proches, réunis par une vie de prière et d’actions charitables, elle imagine une collecte faite de la main à la main, le sou de Pauline pour recueillir des fonds pour les missions. Elle met en pratique un plan basé sur le système décimal : des groupes de dix personnes, chaque personne formant à son tour un autre groupe de dix et ainsi de suite. Ce système s’étendra rapidement dans le monde et deviendra l’association de la Propagation de la Foi, créée le 3 mai 1822.

 

En 1826, en réponse aux besoins spirituels de son temps, Pauline Jaricot fait naître

le Rosaire Vivant. Elle adopte un moyen analogue à celui de la Propagation de la Foi : 15 personnes, 15 mystères ; chaque associé récite une dizaine de chapelet en méditant un des mystères de la vie de No- tre-Seigneur, avec l’intercession de Marie. À sa mort, on comptera environ en France 2 250 000 associés. Le Rosaire Vivant s’était répandu dans le monde entier…

 

En 1845, Pauline envisage de mettre en œuvre un plan d’évangélisation de la classe ouvrière. La plaie sociale dont souffre la France étant dans l’agglomération de la classe ouvrière, je voudrais faire de cette agglomération même, un moyen de Salut … En un mot, je voudrais que l’on rendît l’époux à l’épouse, le père à l’enfant, et Dieu à l’homme. 

 

Elle achète une usine pour en faire un modèle d’esprit chrétien. Un bâtiment attenant loge les familles et à côté se trouvent une école et une chapelle. Mais elle en confie la gestion à des personnes malhonnêtes, et son œuvre ne peut continuer. Elle engloutit toute sa fortune et passera le reste de ses jours dans la plus grande pauvreté, quêtant pour rembourser ses dettes. Ce sera son long chemin de Croix. Mais, une pauvre qui n’a que Dieu seul pour ami, Dieu seul pour soutien… mais Dieu seul suffit. Et le 9 janvier 1862, Pauline meurt dans sa maison de Lorette.

 

Léon XIII dira à son sujet : Par sa foi, sa confiance, sa force d’âme, sa douceur et l’acceptation sereine de toutes les croix, Pauline se montra une vraie disciple du Christ (Bref du 13 juin 1881).

Un autre saint à vénérer : saint Benoît-Joseph Labre

Saint Benoît-Joseph Labre
Saint Benoît-Joseph Labre (1748-1783), peinture d’Antonio Cavallucci (1752-1795).

Benoît-Joseph, né le 26 mars 1748, est l’aîné des quinze enfants d’une famille paysanne aisée d’Amettes dans le Pas-de-Calais. Après avoir fréquenté l’école de son village, il fit quelques études auprès d’un de ses oncles paternels, curé de Erin ; attiré par la prière et la solitude, il voulut d’abord être trappiste, pour ne vivre que de Dieu, mais devant l’opposition de sa famille, à 19 ans, il se présente dans plusieurs monastères de chartreux. Mais l’un ne prend pas de novices par suite d’un incendie. Un autre le trouve trop jeune. Admis à la chartreuse de Montreuil-sur-Mer, il n’est pas gardé à cause de sa santé trop fragile. À pied, il se rend à la Grande-Trappe de Soligny : il est toujours trop jeune. Il revient à Montreuil, c’est un nouvel échec. La Grande-Trappe de Sept-Fons, où il reçut l’habit quand même, ne le garde pas non plus et le Père Abbé lui dit : Dieu vous veut ailleurs.

 

Désormais c’est ailleurs qu’il vivra dans l’errance  et le pèlerinage perpétuel.

Il ne cherche plus à se fixer. Son monastère sera la route, son seul compagnon de prière sera Dieu seul. En sept ans, il parcourut près de 30 000 kilomètres d’un sanctuaire à l’autre, en Espagne, en Suisse, en Allemagne, vivant dans le plus extrême dénuement, partageant avec les pauvres les soupes populaires et les humiliations, toujours en oraison et toujours patient. Mais son lieu de prédilection, c’est Rome où il passe ses journées en prière dans les églises, logeant avec tant d’autres pauvres dans les ruines du Colisée, distribuant à de plus pauvres ce qu’on lui donne… Le Mercredi Saint 1783, on le ramasse mourant sur les marches de l’église Sainte-Marie des Monts où il est enseveli à gauche du maître-autel ; Dieu permit plus de cent miracles par son intercession ; son confesseur, l’abbé Marconi, publia sa biographie juste après sa mort, en 1783…

 

Dès sa mort connue, les gamins et le peuple de Rome s’en vont par les rues de Rome en criant : Le saint est mort ! Et les miracles se multiplient sur son tombeau. Il est resté comme le saint patron des sans-domicile fixe, comme l’on dit de nos jours, des personnes déplacées et des gens inadaptés.

 

Notre célèbre poète, Paul Verlaine (1844-1896), a dit de saint Benoît-Joseph Labre : Saint Benoît-Joseph Labre, la seule gloire française du XVIIIe siècle, mais quelle gloire ! Il lui a consacré un sonnet dans son recueil "Souvenirs", inspiré par sa canonisation, le 8 décembre 1881 par le pape Pie IX.

 

"Comme l’Église est bonne en ce siècle de haine,

D’orgueil et d’avarice et de tous les péchés,

D’exalter aujourd’hui le caché des cachés,

Le doux entre les doux à l’ignorance humaine

 

Et le mortifié sans pair que la Foi mène,

Saignant de pénitence et blanc d’extase, chez

Les peuples et les saints, qui, tous sens détachés,

Fit de la Pauvreté son épouse et sa reine,

 

Comme un autre Alexis, comme un autre François,

Et fut le Pauvre affreux, angélique, à la fois

Pratiquant la douceur, l’horreur de l’Évangile !"

 

Et pour ainsi montrer au monde qu’il a tort

Et que les pieds crus d’or et d’argent sont d’argile,

Comme l’Église est tendre et que Jésus est fort !

 

Nous parlerons dans les prochains numéros du mariage, de la vocation religieuse et celle plus spécifique de la vocation au sacerdoce. En attendant, si le prochain numéro n’arrive pas à sortir avant la fin de l’année, je vous souhaite dès maintenant de Saintes Fêtes de Noël. N’hésitez pas à me contacter si vous en éprouvez le besoin ou si vous désirez suivre une retraite de sainte Gertrude ou de saint Ignace. Il faudra alors étudier les possibilités d’organisation… Que le Sacré-Cœur vous bénisse et que le Cœur Immaculé de Marie soit votre refuge.

 

Abbé G. Hecquard

 

Quelques nouvelles de la chapelle du Sacré-Cœur

■       La Vierge pèlerine de Notre-Dame de Fatima se trouve actuellement dans la chapelle du Sacré-Cœur, en ce mois d’octobre consacré au Saint Rosaire. Celui-ci est récité régulièrement devant la statue avec l’intention générale :

Un lien de Charité entre les chapelles non una cum.

 

■      Les deux séminaristes de Monseigneur Sandborn, les abbés Dutertre et de La Chanonie sont passés pour quelques jours ici, pour garder le contact et m’aider dans mon apostolat.

 

■      L’association Notre-Dame de Vignemont a été officiellement reconnue par la préfecture de Tours le 15 octobre 2017 et aura une durée de validité de cinq ans. Pendant cette période l’association pourra recevoir des legs et des dons et délivrer des reçus fiscaux dont le but est d’être exonéré d’une partie de vos impôts. Tous renseignements auprès de l’Association Notre-Dame de Vignemont, La Houssière 37600 Varennes.

 

Notre pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle au mois de juillet s’est bien déroulé et nous avons prié pour vous tous au tombeau du saint Apôtre.

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