Les trois pouvoirs de gouverner, d’enseigner et de sanctifier de l'Eglise

Chers fidèles, chers amis, La nouvelle année 2024 est déjà bien commencée et nous avons médité sur l’Enfant-Jésus dans la crèche. Cet Enfant-Jésus qui nous apparaît, est Dieu et homme à la fois. Nous le croyons fermement. C’est notre Foi. Cette Foi que nous avons reçu à notre Baptême et qui nous anime. Les présents des Rois Mages : or, encens et myrrhe qui lui sont offerts nous montrent mystérieusement ce que nous devons offrir à notre Roi, à notre Dieu et à Notre Souverain Pontife. Nous devons lui présenter l’or de notre pauvreté afin qu’elle lui soit agréable, sachant que nous avons tout reçu de Lui, qu’il est le Maître de tout et que nous ne sommes que des gestionnaires de ses biens. Il est notre Roi qui nous gouverne avec amour, force et bienveillance pour nous mener à la gloire de son Royaume. Nous devons de plus Lui offrir l’encens de notre prière puisqu’il est Dieu, l’encens de notre Obéissance aussi puisqu’Il est venu nous apporter l’enseignement du Père avec des mots humains auxquels nous devons la soumission de notre intelligence. Jésus est Docteur pour nous montrer le Chemin, nous enseigner la Vérité et nous apporter la vraie Vie. Nous devons lui présenter encore la myrrhe de notre mortification afin qu’Il répare en nous l’image divine ternie par le péché originel. Jésus est Pontife pour nous Sanctifier aux moyens des Sacrements qu’Il a institués et nous rendre ainsi dignes d’arriver au Ciel.

 

La Très Sainte Vierge est aussi à ses pieds, elle l’adore, et le sert. Elle est l’image de l’Église. De même

qu’elle sert son divin Fils et L’adore, de même l’Église sert son Divin Époux Jésus à travers le temps et L’adore. Chacun de nous, en tant que membre de l’Église est fils de Marie, doit servir l’Église et adorer Jésus.

 

L’Enfant Jésus de la crèche est déjà roi pour gouverner, docteur pour enseigner, pontife pour sanctifier. Ces trois grandes missions que le Christ a confié à ses apôtres avant de remonter au Ciel : Allez (gouvernez, vous avez ma juridiction), enseignez toutes les nations (pouvoir d’enseigner avec autorité) et baptisez-les au nom de Père et du Fils et du Saint-Esprit (pouvoir de sanctification) perdurent à travers l’Église jusqu’à la consommation des siècles (Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps). Les pouvoirs d’Enseignement et de Sanctification étant souvent regroupés par les théologiens dans le pouvoir d’Ordre distinct de celui de Gouverner. Les Évêques à leur consécration reçoivent trois insignes de leurs fonctions :

1) la crosse pour gouverner,

2) la mitre pour enseigner,

3) l’anneau pour sanctifier.

 

Dans la confusion actuelle où se trouve l’Église qui n’a plus de pape, ces trois fonctions demeurent cependant dans l’Église catholique à travers les Évêques qui ont gardé la Foi.

 

Dans le dernier numéro des feuilles du Sacré-Coeur je faisais un parallèle entre la Très Sainte Trinité et les trois pouvoirs que l’Église a reçu de Dieu à savoir le pouvoir de gouverner, celui d’enseigner et celui de sanctifier. Je faisais aussi une comparaison entre la nature des trois personnes de la Sainte Trinité et les attributions que les théologiens ont l’habitude de donner à chaque personne et ces trois pouvoirs. Au Père de gouverner, au Fils d’enseigner, au Saint-Esprit de sanctifier.

 

Faisons donc une pause philosophique en donnant quelques définitions afin d’éclairer

les propos du dernier bulletin numéro vingt : La substance est un être qui a la propriété d’être

en lui-même (en soi, in se) et non pas dans un autre être (in alio). C’est pourquoi on dit que la substance a l’inséité. Dans toute substance on distingue (par la raison) la substance, l’essence, et la nature.

a) La substance en tant qu’elle a assez de perfections pour subsister en soi.

b) L’essence en tant qu’elle est ce par quoi son être est constitué dans l’actualité (esse). Ce par quoi un

être est ce qu’il est et se distingue d’un autre.

c) La nature en tant qu’elle est le principe d’où naissent (nascuntur) ses opérations.

Les accidents : L’accident est l’être (ens) qui est dans un autre être (in alio).

 

Il est évident que dans la Sainte Trinité les trois personnes ayant la même substance divine il n’y a

aucune infériorité ou supériorité entre elles. Dom Bernard Maréchaux, moine bénédictin olivétain,

dans son ouvrage La Sainte Trinité écrit : On ne saurait dire qu’il y ait une infériorité, une dépendance,

une soumission quelconque résultant des relations d’origine. En Dieu tout est infini, tout est Dieu (Chap

IX). Les personnes divines étant absolument égales en toutes choses possèdent à un titre égal tous les attributs qui conviennent à la nature divine : immensité, immutabilité, éternité, toute puissance, sagesse, bonté (Chap IX). Néanmoins il y a certains attributs que l’on rapporte à telle personne plutôt qu’à telle autre, (puissance du Père, sagesse du Fils, amour du Saint Esprit). C’est ainsi que

sont en quelque manière partagés entre les trois personnes divines les attributs divins, bien qu’en réalité ils appartiennent intégralement à chacune des trois personnes (Chap X).

 

Ces trois pouvoirs de gouverner, d’enseigner et de sanctifier que la Sainte Trinité a confiés à son Église ne peuvent être séparés entre eux, bien que les théologiens les distinguent. Il y eu certainement dans l’Histoire de l’Église des cas où chez certaines personnes ecclésiastiques les pouvoirs étaient séparés, mais ce fut exceptionnel et en fait contraire au bon ordre. La question sur l’origine des pouvoirs épiscopaux de gouverner, d’enseigner, de sanctifier, n’a pas encore été tranchée par la Sainte Église. Deux thèses principales s’opposent. Première thèse : celle qui est soutenue par le Docteur commun saint Thomas d’Aquin dit que toute juridiction passe par saint Pierre et ses successeurs. La seconde thèse dit que la juridiction papale et la juridiction épiscopale sont deux juridictions différentes dont l’une est soumise à l’autre. Dans cette thèse il faut comprendre que la juridiction épiscopale tire son origine directement de Dieu mais est soumise à celle du pape. Chacun des défenseurs des différentes thèses avancent leurs arguments. Je n’entrerai pas dans le débat, l’Église ne s’étant pas encore prononcée.

En ce début du mois de février nous avons pu méditer sur la belle fête de la Présentation de Jésus au temple et de la purification de la Très Sainte Vierge. Essayons de dégager quelques enseignements de cette trilogie mystique appliquée à cette fête du 2 février. Nous voyons dans cette scène cinq personnages principaux avec beaucoup d’autres personnes qui ne sont pas nommées mais présentes : Jésus, Marie, Joseph, le vieillard Siméon, la prophétesse Anne et tous ceux qui les entourent. Le personnage central, Jésus, est porté mais gouverne toutes choses. Il ne parle pas mais nous enseigne comment nous offrir à Dieu par son silence et sa docilité. Il passe des bras de sa très Sainte Mère dans ceux du vieillard Siméon afin de nous montrer son désir d’entrer en contact avec chacun de nous pour nous sanctifier. Puissions-nous, comme Siméon, à nous qui le recevons à chaque communion, lui offrir des bras travailleurs pour le recevoir dignement, un coeur pur et mortifié pour l’aimer plus que tout, des yeux élevés vers le Ciel pour espérer, un jour, partager entièrement la vie divine avec lui, les saints et les anges.

 

Le second personnage est Marie. Elle vient offrir l’hommage de son obéissance à la Divinité. Elle s'assujettit à une loi dont son intelligence lui disait qu’elle n’en était pas redevable. Étant Vierge avant, pendant et après l’enfantement de son divin Fils, elle savait qu’elle n’avait pas à être purifiée comme les autres femmes mais son humilité lui faisait comprendre la beauté de l’accomplissement

de toute justice vis-à-vis de Dieu. Dieu agréa son sacrifice pour le salut d’un grand nombre de femmes.

Comme une Vierge sacerdotale, elle offre son Fils pour le rachat des péchés et le salut des hommes. Elle sait très bien que le couple de colombes qui devait servir à remplacer l’enfant sur l’autel du sacrifice, à le racheter puisqu’il appartenait à Dieu, ne devait que contenter Dieu dans la loi de Moïse mais que, en réalité, c’était son Divin Fils qui serait la divine victime. Du moins elle le

présentait depuis que le Vieillard Siméon lui prédit que cet enfant sera un signe de contradiction pour le salut et la perte d’un grand nombre en Israël, Lumière des nations et gloire du peuple d’Israël et que son coeur serait percé d’un glaive de douleur. Toute sa vie, comme une longue messe, progresse d’étape en étape et en ce 2 février de l’an zéro, elle vit son offertoire.

Présentation de Jésus au temple selon Giovanni Bellini (1469)
Présentation de Jésus au temple selon Giovanni Bellini (1469)

Le troisième personnage est saint Joseph. Il tient le couple de colombes enfermées dans une cage. Il regarde la scène, comprend tout mais ne dit rien. Il offre le couple de colombes selon le rite et offre en même temps à Dieu, intérieurement, l’hommage de son sacrifice, de sa chasteté et de sa mortification. Il sait que Jésus n’est que son fils légal et qu’il n’est là que pour accomplir la Volonté Divine en protégeant l’Enfant et sa mère. Grand Saint Joseph, peut-être le plus grand saint du Ciel après la très Sainte Vierge, conduit par l’Esprit Saint, aidez-nous à nous sanctifier, à mortifier notre chair, à recevoir dignement les sacrements qui sont des signes sensibles avec des effets surnaturels.

 

Le quatrième personnage est le Saint Vieillard Siméon, lui aussi conduit par l’Esprit Saint mais déjà arrivé au bout de sa course. Il lui avait été dit qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Sauveur. Il le voit maintenant et finalise son sacrifice, parachève toute une vie de prêtre au service des autres. Nunc dimitis, laissez-moi allez en paix maintenant. Gouverné par l’Esprit Saint, gouvernant beaucoup d’autres âmes, il offre maintenant à Dieu tous ses faits et gestes à la Miséricorde Divine afin qu’il repose bientôt en Paix.

 

Le cinquième personnage est la prophétesse Anne. Elle annonce à qui veut l’entendre la bonne nouvelle. Ayant passé de nombreuses années dans les jeûnes et les pénitences, son âme purifiée était digne d’annoncer que le Sauveur était désormais présent parmi

nous. Puissions-nous être de ceux qui veulent bien entendre.

 

En ce début d’année 2024 je vous présente mes meilleurs voeux de joie, de paix et d’écoute du Saint-

Esprit. Bon et Saint Carême !

 

Père Guillaume-Marie Hecquard o.s.b.

Quelques nouvelles de la chapelle du Sacré-Coeur


L’heureuse nouvelle toute fraîche est que La Mission Saint-Benoît a pu acquérir la maison mitoyenne à la chapelle Notre-Dame de Vignemont le 2 février dernier 2024. Le Père Guillaume va donc déménager petit à petit sur Loches et installer une chapelle provisoire dans la plus grande pièce de la maison en attendant que les gros travaux de la chapelle du XIIe siècle se poursuivent. Des travaux de peinture, d’entretien et de rénovation sont à prévoir dans la maison. Celle-ci n’a pas été habitée pendant deux ans.

 

Que tous les bienfaiteurs qui ont contribué à cet achat par leurs prières et leurs dons soient ici remerciés vivement, sincèrement, profondément. L’adresse de cette maison, dédiée à Notre Dame de Vignemont et à saint Benoît est celle-ci : 7, chemin de la Chapelle de Vignemont 37600 Loches. L’adresse de La Houssière reste toujours valable et est même préférable tant que le père n’est pas encore installé.

Le père Guillaume, dans ces conditions, a dû renoncer à aider l’abbé Roger dans l’apostolat de la chapelle Saint-Pie V de Rennes et la chapelle Saint Curé d’Ars de Chambéry. Il continue cependant à desservir la mission Saint-Joseph à Sains en Ille-et-Vilaine une fois par mois et en semaine uniquement. Il dessert aussi, une fois par mois et en semaine, une chapelle privée en Charente, entre Limoges et Angoulême.

 

La confrérie Saint-Benoît se développe petit à petit. Les membres, au nombre de sept actuellement prient à toutes vos intentions et au repos de l’âme de vos défunts (Statuts et règlement intérieure de la confrérie disponibles sur demande).