Coronavirus, comment se sanctifier en période de confinement?

Communion pour des malades de la peste
Communion pour des malades de la peste… de Giuseppe Maria Crespi (1655-1747)

Chers fidèles, chers amis

 

Depuis plusieurs jours la population est confinée pour cause d’épidémie. Ce confinement, sans polémiquer, est plus ou moins dur pour les uns ou les autres mais pour tous il faudrait mettre ce changement de situation à profit… Pour notre sanctification et pour la plus grande Gloire de Dieu. La nature humaine blessée nous pousserait facilement au laisseraller ce qui risquerait pour ceux qui vivent ensemble confinés à mettre les nerfs à rude épreuve. Pour éviter un marasme intérieur ou même le chaos dans certains cas, la solution est la discipline, l’habitude de l’étude et du silence et surtout la vie spirituelle. Pour relever ce défi voici quelques conseils :

 

La première chose à faire : définir des horaires. La journée commence avec l’heure du coucher, nous dit saint François de Sales. Se coucher tard signifie se lever tard donc se mettre dans l’impossibilité de bien accomplir notre devoir d’État. Et si on se lève tôt, le résultat risque d’être le même à cause de la fatigue. Il est donc impératif de fixer les horaires de lever et coucher.

 

La deuxième chose à prévoir : les temps de prière. Prière du matin et du soir, et chapelet sont les étapes vitales qui rythment la journée du chrétien. Profitons d’être réunis sous le même toit pour les faire en famille. Si l’on a plus de temps prenons un bon livre d’oraison et laissons nous guider par le Saint-Esprit dans nos prières. Adorons la Divine Providence qui nous ménage des temps de silence.

 

Une troisième chose ne doit pas être laissée au hasard : l’heure des repas. Hors de question que chacun vienne se servir dans le réfrigérateur quand bon lui semble. Le repas, précédé et suivi de

la prière, se prend en commun.

Tenue « médicale » vers 1350, lors des épidémies
Tenue « médicale » vers 1350, lors des épidémies (bac- tériennes) de peste, fort différente de celle qui voudrait que l’on porte ou non un masque pour prévenir le virus actuel…

Le repas est un moment convivial qui permet des échanges essentiels. Il permet aussi de déceler certaines peines ou soucis. Il est l’occasion de partager des informations et quelques blagues pour détendre l’at- mosphère. Il reste aussi l’instant privilégié pour défi- nir un programme.

 

Une quatrième chose doit retenir notre attention : nos activités. Et là, il faut signaler un grand péril : internet. Certes, il a beaucoup de choses bon- nes sur internet. On peut y assister à la messe tous les jours. On peut y trouver des conférences intéressantes, des articles pertinents et même des livres introuvables chez les libraires. Et un bon film de temps en temps sera un passe-temps facile, surtout pour les enfants. Oui mais attention. Sans parler de l’immoralité et de la violence omniprésente, il faut se souvenir que l’usage prolongé des écrans fatigue et énerve. Et moins d’une heure avant de se coucher, il empêche le sommeil. Ceci dans un environnement confiné peut rapidement générer des comportements problématiques. En dehors d’internet il y a tellement de choses à faire et à ranger. Profitons du temps accordé pour accomplir la multitude de petites choses impossibles à faire en temps ordinaire.

 

Suit naturellement une cinquième recommandation : avoir  une activité physique. Un esprit saint dans un corps sain. Pour la plupart, il est impossible de sortir. Prévoyons une séance journalière d’exercices physiques.

 

Cette épidémie du coronavirus me permet de faire un lien adapté avec la fin de la vie du Bienheureux Bernard Ptolémé. (1272-1348). Le résumé de cette vie, écrite par le R.P. Dom Bernard Maréchaux OSB (1849-1927), en 1888 a été publié en quelques parties dans les numéros précédents des feuilles du Sacré-Cœur. Dans le numéro 14 nous en étions venu où le Bienheureux avec ces moines avaient reçu l’approbation de la Sainte Église.

Voici la fin héroïque du Bienheureux:

 

"Les derniers jours. La phalange héroïque des martyrs de la charité. Une fête de l’assomption Bernard Btolémé avançait en âge et ses extases plus fréquentes augmentaient encore ses désirs du Ciel. La Sainte Vierge, au glorieux anniversaire de son Assomption, lui annonce dans une vision que son pèlerinage terrestre approche de sa fin. Le 21 mars suivant, saint Benoît lui renouvelle la même assurance et ajoute ces paroles : « Bernard de Clairvaux que tu honores avec tant d’amour, viendra recevoir ton âme au jour de sa fête, et l’introduire au ciel, où t’attend la récompense due à tes travaux.».

 

C’était en 1348. L’incroyable peste qui dévasta alors l’Europe, venait de s’abattre sur l’Italie et y faisait d’affreux ravages ; les historiens du temps nous en ont laissé des descriptions qui font frémir. Le district de Sienne perdit à lui seul 88 000 habitants, et la ville fut tellement décimée qu’elle ne retrouva plus à l’avenir sa prospérité passée.

 

Bernard réunit ses moines et leur raconte les fureurs du fléau. Dans une touchante exhortation il leur rappelle l’héroïque charité de notre divin Maître et Sauveur qui s’est dévoué jusqu’à la mort de la croix pour notre salut. « Avec les corps, les âmes sont en danger, ajouta-t-il. Volons à leur secours. Partez deux par deux, mes frères, et allez vous mettre au service des pauvres pestiférés. Je vous donne rendez-vous à tous en notre monastère de Saint-Benoît de Sienne, pour l’avant-veille de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge ; d’ici là, Dieu m’en donne la confiance, aucun de vous ne succombera au fléau… ».

 

Le doux vieillard prenant lui aussi un compagnon, alla se jeter au foyer même de l’épidémie, à Sienne, sa ville natale.On était en avril. Dieu et ses anges savent les merveilles de dévouement qui remplirent les quatre mois suivants. Le 13 août, tous les religieux se réunirent au monastère de Saint-Benoît de Sienne. Aucun ne manquait. La préservation dont ils avaient été l’objet tenait du miracle.

 

Le lendemain, le saint abbé dit aux frères : « Le moment est venu pour beaucoup d’entre nous de consommmer  leur sacrifice, telle est la volonté du Seigneur. Quant aux autres, qu’ils persévèrent, je les en conjure, dans l’amour de Dieu, dans la charité mutuelle, dans le mépris du monde, dans la fidélité de la sainte Règle. ».

Monastère d’Accona  Bernard Ptolémé
Monastère d’Accona où les reliques du Bienheureux Bernard Ptolémé furent transférées secrètement…

Ensuite, se mettant à genoux, il demanda pardon de ses fautes dans les termes les plus humbles, et recommanda son âme et celle de ses frères à la Bienheureuse Vierge dont on allait célébrer la fête. Qui pourra rendre la poignante émotion de cette scène sublime ?

 

La journée de l’Assomption se passa pure et fervente. Dès le lendemain, la peste commença à se saisir des enfants du Bienheureux…

 

Bientôt vingt-deux d’entre eux furent endormis dans le Seigneur. C’est alors que le pasteur, le père de ce troupeau fut frappé lui-même. Sachant bien que sa dernière heure était proche, il s’étendit sur un pauvre grabat, demanda et reçut à genoux les sacrements de l’Église, puis saisissant et embrassant à plusieurs reprises le crucifix, il murmura : « Voici venir le jour si attendu. Ô Jésus, le bien-aimé de mon âme, ô Jésus, recevez-moi dans votre Cœur-Sacré ! » Il adressa ensuite une suprême exhortation à ses enfants réunis autour de sa couche, il se recommanda humblement à leurs prières, puis, levant les yeux au ciel, le visage brillant d’une joie surnaturelle, il rendit son âme à son Créateur ¹.

C’était le 20 août 1348, fête de saint Bernard de Clairvaux.

 

Les jours qui suivirent, 57 enfants du Bienheureux s’éteignirent l’un après l’autre, pour lui former là-haut un lumineux cortège. Quatre-vingts en tout furent moissonnés : c’était environ la moitié de la congrégation olivétaine ! Ô saintes victimes, dont l’holocauste criait miséricorde pour les hommes, pendant que leur héroïque immolation leur ouvrait à elles-mêmes les portes du ciel !

 

Après sa mort:

Le jour où Bernard quitta la terre, la servante de Dieu Ginocchia Toloméï le vit monter vers Dieu par un chemin couvert de tapis et brillant d’innombrables flambeaux, et une voix disait : « Ceci est le chemin par lequel Bernard, le bien-aimé du Seigneur, monte au ciel. »

 

Il fut enseveli dans le couvent de Saint-Benoît de Sienne, beaucoup de miracles s’accomplirent à son tom-beau et le Souverain Pontife approuva en 1644 le culte rendu à ce Bienheureux. On pense que ses reliques ont été depuis transférées secrètement au monastère d’Accona. Quoiqu’il en soit, cette dernière abbaye fut plus tard reconstruite dans des proportions grandioses que le pèlerin admire encore aujourd’hui. La congrégation olivétaine compte jusqu’à quatre-vingts couvents en Italie. Des jours moins florissants vinrent ensuite. Toutefois les révolutions ne l’ont point tuée, et voici que de nos jours elle reprend une vie nouvelle, adaptée aux temps présents. Son Éminence le Cardinal Schiaffino (1829-1889) est son abbé général. La France a reçu de nos jours plusieurs rameaux de ce bel arbre, dont l’Église espère encore avec assurance des fleurs et des fruits. Puisse le Bienheureux Bernard protéger toujours ses enfants spirituels contre les ennemis de Dieu, de la liberté et du bien."

 

Chers fidèles en écrivant ces lignes nous entrons dans le temps de la Passion du Christ. Que cet exemple nous aide à supporter les inconvénients du confinement, à embrasser la croix que Jésus nous présente à aller au-devant des malades si c’est nécessaire. Je tire du livre intitulé "Le Christ idéal du moine", écrit par D. Columba Marmion, quelques réflexions spirituelles pour vous aider à vous abandonner à Dieu dans les temps difficiles afin d’imiter Jésus souffrant, se rendant comme un lépreux pour notre salut. La Passion est le passage nécessaire pour participer à la Résurrection : C’est surtout dans les jours d’ennui, de maladie, d’impatience, de tentation, de sécheresse spirituelle, d’épreuves, dans les heures d’angoisse parfois terribles qui étreignent une âme, que l’abandon de celle-ci est agréable à Dieu.

 

Nous avons rencontré plus d’une fois cette vérité : il y a une somme de souffrances, d’humiliations, de peines, que Dieu à prévues pour les membres du corps mystique du Christ, afin de compléter ce qui manque à la Passion de son Fils (Col I, 24). Nous n’arriverons à l’union parfaite avec le Christ Jésus qu’en acceptant cette part du calice que Notre Seigneur veut nous donner à boire avec lui et après lui : si quis vult post me venire, abneget semetipsum et tollat crucem suam et sequatur me (Matth. XVI, 24).

 

Notre Seigneur connaissait tout de la terrible carrière que son Père lui donnerait à parcourir. A-t-il hésité à accepter la Volonté Divine ? A-t-il refusé de l’accomplir ? Non ; il l’a embrassée : Me voici, Ô Père ; j’ai placé dans mon cœur cette loi de la souffrance, et je l’accepte par amour pour Vous. Verbe de Dieu, Sagesse éternelle, le Christ a également prévu la part que nous devons avoir à sa Passion. Qu’y a-t-il de mieux que de nous livrer, avec lui, à notre Père pour accepter cette participation aux souffrances et aux humiliations de son Fils Jésus ? Ô Père, j’accepte toutes les peines, toutes les humiliations, toutes les souffrances qu’il vous plaira de m’envoyer, tous les malentendus auxquels il vous plaira de me soumettre, toutes les obéissances pénibles qu’il vous plaira de m’imposer ; et tout cela par amour pour vous, en union avec votre Fils bien aimé.

 

Si nous pouvions toujours nous maintenir dans ces dispositions intérieures, ne pas nous arrêter aux

causes secondes, ne pas nous demander avec murmure, dans les contrariétés et les contradictions : Pourquoi cela se produit-il ? Pourquoi agit-on avec moi de telle façon ?

 

Mais nous élever vers cette volonté suprême qui permet tout, et sans la permission de laquelle rien n’arrive ; si nous pouvions toujours regarder aux dessus des créatures, le cœur haut, sursum corda, voir seulement Dieu, nous abandonner à Lui, nous demeurerions constamment dans la paix.

 

Tôt le matin du dimanche de Pâques, quand Jésus sort du tombeau, ressuscite d’entre les morts par sa propre puissance, la paix est accordée à la terre. Cette véritable paix que ne peuvent nous apporter les grands conseils des hommes. Cette paix là nous est accordée, il suffit d’ouvrir nos cœurs, nos âmes, à la Foi, à l’Espérance, à la Charité. C’est la grâce que je vous souhaite avec une sainte et joyeuse fête de Pâques.

 

1. Le Bienheureux Bernard Ptolémée, Opus cit. chapitre XVII.

 

Abbé Guillaume Hecquard

 

Quelques nouvelles de la chapelle du Sacré-Cœur:

 

■  Un site internet a été mis en place pour donner des informations sur les activités de la chapelle voici l’adresse : https://www.missionsaintbenoit.fr

 

■  En raison du confinement l’Abbé ne se déplace plus pour dire la messe à Rennes, Sains ou à Donzy.

 

■   Nos joies :

—    naissance de Philomène Guillet chez Clément et Gladys Guillet le 27 décembre 2019 et baptisée le 11 janvier 2020 à Lanrivain (22480).

 

■   Nos peines :

—   décès de Madame Renée Mouton, inhumée à Baillé (35460) après ses obsèques à Rennes le 2 janvier 2020.

—   décès de Madame Alice Lacôte, obsèques à la chapelle du Sacré-Cœur, inhumation à Saint-Germain- Beaupré (23160) le 21 janvier 2020.

 

Des prières sont demandées pour la santé de monsieur l’Abbé Anthony Cekada ; et nous le faisons avec instance auprès du bon Pasteur.

 

■  Le 27 juin prochain l’Abbé Guillaume Hecquard achèvera ses dix ans de sacerdoce.

Vu les circonstances actuelles du pays et même du monde il sera peut-être difficile de se rassembler pour rendre grâce à Dieu, mais il compte surtout sur vos prières.

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