Catéchèse sur le mariage et considérations sur la règle de Saint Benoît

Un ange annonce aux trois Marie la Résurrection du Christ. Cette toile du Lyonnais, Daniel Sarrabat, fait partie d’un ensemble de scènes de la vie de sainte Marie-Madeleine, exécuté, en 1706 et 1713 pour l’église de la Madeleine de Thoissey
Un ange annonce aux trois Marie la Résurrection du Christ. Cette toile du Lyonnais, Daniel Sarrabat, fait partie d’un ensemble de scènes de la vie de sainte Marie-Madeleine, exécuté, en 1706 et 1713 pour l’église de la Madeleine de Thoissey

Chers fidèles et chers amis,

 

L’année 2018 est déjà bien commencée et ce numéro des feuilles du Sacré-Cœur a eu du mal à sortir. Mais peu importe les délais de parution le Sacré-Cœur lui est toujours vivant, toujours attentif à nos besoins et peu très bien se passer d’un petit bulletin à très faible tirage pour envoyer ses grâces. Le Cœur de Jésus a bien été transpercé par une lance au nom de l’amour qu’Il nous portait mais Il est ressuscité, par amour aussi et pour envoyer à chacun de nous ses grâces quand il veut, où il veut et comme il veut. À nous d’être réceptifs au moment où ces grâces passent.

 

Ces grâces, nous les cherchons peut-être, nous les reconnaissons parfois, souvent elles nous sont invisibles, comme Jésus ressuscité est souvent invisible… Il nous faut un ange pour nous dire qu’elles existent bien, quelles sont là où nous ne les cherchons pas, mais quelles se trouvent dans notre quotidien, que nous les trouvons toujours devant le saint Tabernacle, qu’elles se trouvent aussi en nous, qu’il suffit d’ouvrir notre âme, comme l’ange a ouvert le tombeau, au trois vertus de Foi, d’Espérance et de Charité pour pouvoir les reconnaître. Ces trois vertus nous sont personnifiées par les trois femmes courant au tombeau. Alors imitons les ! 

 

Abordons aujourd’hui le sujet du mariage dans les grandes lignes et non pas dans le détail ce serait trop long pour mon propos ¹. Il suffit de constater le nombre toujours moins grands des mariages dans notre société pour comprendre l’importance du sujet et comprendre surtout que Mariage et Foi sont deux notions indissociables, que si la Foi disparaît, la croyance dans l’importance du sacrement du mariage disparaît aussi et les bonnes mœurs avec.

 

Rappelons les principes sur le sujet : le mariage peut être considéré comme un contrat ; et dans ce cas on le définit : une convention par laquelle l’homme et la femme se donnent légitimement l’un à l’autre le pouvoir sur leur corps, en vue de la génération, et s’obligent à vivre toujours ensemble sans se séparer. Ce contrat étant de droit naturel et divin ne dépend pas comme les autres contrats de la loi civile ; et les contractants ne peuvent pas le modifier à leur gré. 

 

Ce contrat ne peut exister, sans être un sacrement, que chez les infidèles, dont le mariage comme contrat est légitime, sans être sacrement. Quoi que puisse statuer le droit civil, il est certain qu’entre chrétiens baptisés, il ne peut pas y avoir contrat sans sacrement. Par conséquent le contrat lui-même serait invalide si quelqu’un s’engageait dans le mariage, avec l’intention prédominant d’exclure le sacrement. Le mariage entre baptisés qui n’est que civil est donc un pur concubinage. Le mariage entre les chrétiens se définit : un sacrement de la loi nouvelle, conférant la grâce nécessaire pour sanctifier l’union légitime de l’homme et de la femme, pour avoir pieusement des enfants et pour les élever saintement…

1. Pour une étude plus approfondie voir la Catéchèse catholique du Mariage du RP Noël Barbara (en vente à la sacristie de la Chapelle du Sacré-Cœur).

L’Abbé Berthier ² nous dit dans son Traité du Mariage:

 

Art. I. De la matière et de la forme.

 

1511…La matière éloignée ce sont les corps des époux ; le contrat ou le consentement des parties, est la matière prochaine et la forme du sacrement ; c’est certain d’après le Décret aux Arméniens.

La cause efficiente du mariage est régulièrement le consentement mutuel exprimé par des paroles, les époux étant présents.

Le sacrement du mariage, en effet, d’après ce que nous avons dit est le contrat lui-même ; or le contrat se fait par le consentement manifeste des contractants. Elle est donc aujourd’hui improbable l’opinion qui disait autrefois que les paroles du prêtre : Ego vos conjungo etc. étaient la forme du sacrement, c’est ce qui ressortira mieux de ce que nous dirons.

 

1512. On enseigne communément que le consentement exprimé des contractants sert de matière, en tant qu’il exprime la tradition des corps ; et qu’il sert de forme, en tant qu’il comporte l’acceptation de cette tradition ; cette acceptation en effet détermine d’une manière précise et complète cette tradition. Le consentement exprimé est le signe sensible de l’union de Jésus-Christ avec l’Église, de la grâce qui rejaillit de cette union de Jésus-Christ avec l’Église, et aussi de la grâce qui sanctifie l’union conjugale.

 

1513. Le sacrement consiste dans le seul acte par lequel les contractants se donnent leur consentement, d’après l’opinion commune. Bellarmin cependant pense qu’il consiste aussi dans un état permanent, ou dans le lien qui résulte de cet acte.

2. Cf. Abrégé de Théologie dogmatique et morale, pages 375 et suivantes.

 

Art. II. De l’institution du Christ.

 

1521. Il est de foi, d’après le concile de Trente, que le Christ, a institué ce sacrement, selon ce qui a été dit au n° 750 ³. L’Apôtre l’indique par ces paroles : Ce sacrement est grand, je le dis, dans le Christ et dans l’Église. Trid. Sess. 24, can. 6.

3. Opus cit. page 191, nº 750. Dieu répand sa grâce de plusieurs manières, tantôt il l’infuse dans l’âme intérieurement et sans moyen extérieur ; tantôt il se sert de moyens extérieurs ou des sacrements… Les sacrements sont des signes sensibles, établis par Dieu, pour signifier ou pour produire la grâce.

 

1522. Quand le Christ l’a-t-il institué ? Les uns disent que c’est aux noces de Cana ; d’autres veulent que ce soit lorsqu’il dit : Que l’homme ne sépare point ce que Dieu a uni ; d’autres enfin disent que c’est après la Résurrection. Il est manifeste que le mariage, comme contrat, a été institué par Dieu, puisqu’il est le moyen naturel et nécessaire de propager le genre humain, et que Dieu est l’auteur de la nature. Cette vérité est enseignée par l’Écriture ; mais avant Notre Seigneur, le mariage n’était point un sacrement. Art. III. Des effets du mariage.

 

1523. Parmi les effets du mariage, les uns regardent les époux pris séparément, les autres regardent les rapports mutuels qu’ils ont entre eux et d’autres enfin regardent les enfants. Sur ces derniers, nous ne dirons qu’un mot, savoir : 1° que le mariage rend les enfants légitimes, 2° qu’ils les soumet à la puissance paternelle, conformément aux lois, et leur donne droit aux aliments et à l’éducation chrétienne. Entrons dans quelques détails sur les autres effets du mariage

 

1524. § I. Des effets qui regardent les époux pris séparément. I. Le mariage produit la grâce, c’est de foi d’après le concile de Trente : Si quelqu’un dit que le mariage ne donne pas la grâce, qu’il soit anathème. Cette grâce est la grâce seconde, puisque c’est un sacrement des vivants. Le mariage produit aussi une

grâce sacramentelle, qui perfectionne l’amour naturel, confirme l’indissolubilité et l’unité du mariage, et sanctifie les époux comme parle le concile de Trente. Elle leur aide à soutenir les tribulations de la chair et les dangers propres à leur état et fait qu’ils donnent pieusement le jour à des enfants et les élèvent chrétiennement.

 

1525. Il est clair d’après cela que le mariage est bon, honnête et saint ; c’est une vérité qui appartient à la foi, contre les Manichéens : Si vous avez pris une femme vous n’avez pas péché (I. Cor. VII, 28). Celui qui marie sa fille fait bien (I. Cor. VII. 38). Le mariage a trois biens, les enfants qu’il donne et élève chrétiennement ; la fidélité mutuelle, qui aide aux époux à supporter la vie ; et le sacrement ou le lien indissoluble qui les unit, comme l’explique le catéchisme romain (De Matrim. 30).

 

1526. Il en faut conclure qu’il est permis de contracter mariage à tout chrétien, qui ne se sent pas appelé à un état plus parfait, pourvu qu’il observe ce qui est prescrit. Ils pèchent donc gravement soit les parents, soit les princes qui refusent injustement ce droit à ceux qui sont sous leur dépendance. Aussi le concile de Trente prescrit, sous peine d’anathème, aux maîtres et aux magistrats temporels de ne pas empêcher cette liberté (Sess. 24. chap. 9).

 

1527. Toutefois, il ne faut pas conclure de là que le mariage est un bien commandé car l’obligation de propager l’espèce humaine n’obligerait qu’autant que cette espèce devrait périr, de même que le précepte de l’aumône, dit à ce sujet Suarez, n’oblige pas, si tout le monde est riche (L. 9, De voto castitatis, c. 1, 6). Suarez ajoute : J’ai peine à croire, qu’après nos premiers parents, il y ait eu une époque où ce précepte ait obligé tous les hommes, et même quelqu’un d’eux en particulier, car la nécessité cessant, l’obligation a également cessé… C’est pourquoi, j’ai démontré par l’Écriture et par les Pères, que dans l’ancienne loi il n’y avait aucun précepte qui obligeât les hommes à se marier… ; mais si cette obligation n’existait pas dans ces temps antiques, il est bien plus évident qu’elle n’existe pas sous la loi de grâce. Maintenant, en effet, que le genre humain s’est multiplié, dit le catéchisme du concile de Trente, non seulement il n’y a aucune loi qui oblige quelqu’un à se marier, mais au contraire la virginité est souverainement recommandée. Cat. Rom. ib. 14.

 

1528. Il peut cependant se faire que par accident, il y ait des cas très rares, ou l’on soit obligé de se marier, et voici ces cas :

 

1. Si le mariage était très utile, non point pour un bien privé, mais pour le bien commun d’un royaume. 2. Si quelqu’un avait eu une relation sexuelle avec une jeune fille, en lui promettant de l’épouser, il serait tenu de le faire, selon une opinion que l’on doit suivre en pratique, exceptés certains cas .

3. Si quelqu’un porté à la luxure ne veut pas employer d’autres moyens pour se corriger, il est tenu de se marier ; quelques auteurs ajoutent qu’il y serait tenu aussi, s’il ne pouvait prendre d’autres moyens ; mais saint Liguori rejette avec raison cette dernière exception. Qui, en effet, dit-il, ne peut prier et par la prière triompher de tous les mauvais penchants ? (Lig. I. 3, 209.) Celui qui veut employer d’autres moyens n’est donc pas obligé de se marier ; et son confesseur ne peut l’y contraindre, surtout dans les pays où les lois saintes du mariage ne sont pas observées, car qui a jamais pensé, dit saint Liguori, que le mariage fût nécessaire pour se contenir ? (Lig. I. 6, 75) Il ne manque pas d’auteurs qui affirment qu’il est plus difficile de garder la chasteté dans le mariage que dans le célibat. C’est ce qu’on remarque surtout, chez tant de jeunes personnes, qui étaient chastes avant le mariage, et qui deviennent onanistes après s’être mariées…

La règle de saint Benoît et la confrérie locale

 

Une confrérie placée sous le patronage de saint Benoît a été constituée récemment à la chapelle du SacréCœur pour mieux vivre dans l’esprit de la règle qui préside à la vie bénédictine.

 

Antoine Dumas, dans La Règle de saint Benoît, écrit pages 16 à 18 : Plus de quatorze siècles nous séparent de saint Benoit et de sa Règle. Un tel écart ne serait-il pas un obstacle insurmontable pour comprendre ce texte vénérable ? On pourrait le croire, et nous n’en voulons pour preuve que l’anecdote suivante, authentique et particulièrement expressive de l’incompréhension éprouvée parfois par nos contemporains à l’égard de la Règle de saint Benoit.

 

Un prédicateur en renom fut un jour invité à donner la retraite dans une de nos abbayes bénédictines. Dès le premier jour, fort honnêtement, il demande le texte de la Règle pour l’étudier, ou du moins pour se procurer une information indispensable. Son enquête fut rapide. Peu après, le bon père ne tardait pas à rendre le livret en ne dissimulant pas sa perplexité et sa déception : Alors, dit-il, comme Règle, vous n’avez que ça ?

 

Oui, les moines n’ont que ça. Et chaque jour, ils écoutent avec respect la lecture d’un passage de la Règle qu’ils s’efforcent de vivre. C’est à ce propos que l’un d’eux, au XVIIe siècle, Dom Claude Martin (fils de l’admirable ursuline Marie de l’Incarnation, apôtre du Canada) recommandait aux jeunes Mauristes : Ils croiront, ce qui est très véritable, que c’est saint Benoît qui leur parle par la bouche du lecteur pour leur apprendre, de la part de Dieu, ce qu’ils doivent faire pour se sanctifier. C’est pourquoi ils l’écouteront avec un grand sentiment de dévotion et de respect… Pendant la lecture, ils auront l’oreille à ce qu’on lit et l’œil sur eux-mêmes, afin de voir si l’un est conforme à l’autre, et s’efforceront de les rendre semblables s’ils y trouvent de la différence. Et à la fin, quand ils chanteront Deo gratias, ils rendront effectivement grâces à Dieu de leur avoir enseigné des moyens si saints et si faciles pour parvenir à leur perfection ⁴. Sublime simplicité, en effet. Mais n’est-ce pas cette simplicité qui déconcerte beaucoup d’esprits ?

4. Pratique de la Règle, Paris, 1690, p. 73. 

 

C’est encore dans le document pontifical déjà cité ⁵ que nous trouvons la meilleure louange du seul écrit de saint Benoit qui soit parvenu jusqu’à nous et qui connut, on l’a vu, au cours des siècles, une fortune si extraordinaire. Pie XII rappelle comment, à l’anarchie des règles monastiques multiples et capricieuses, succéda la Règle de saint Benoît, chef-d’œuvre de la sagesse romaine et chrétienne, ou les droits, les devoirs et les offices des moines sent tempérés par la bonté et la charité évangéliques, et qui a eu et a encore tant d’efficacité pour stimuler un grand nombre à la poursuite de la vertu et les faire croître en sainteté…

 

Il n’y a donc pas à s’étonner que tous les gens sensés d’aujourd’hui exaltent de leurs louanges la règle monastique écrite par saint Benoît, règle fort lumineuse, remarquable par sa discrétion et par la clarté de son expression ⁶. Et le Pape se plaît à reprendre, en l’amplifiant, l’éloge bien connu prononcé par Bossuet dans son panégyrique de saint Benoît : Dans cette règle bénédictine, la prudence se joint à la simplicité, l’humilité chrétienne s’associe au courage généreux, la douceur tempère la sévérité, et une saine liberté ennoblit la nécessaire obéissance. En elle, la correction conserve toute sa vigueur, mais l’indulgence et la bonté l’agrémentent de suavité ; les préceptes gardent toute leur fermeté, mais l’obéissance donne repos aux esprits et paix aux âmes ; le silence plaît par sa gravité, mais la conversation s’orne d’une douce grâce ; enfin, l’exercice de l’autorité ne manque pas de force, mais la faiblesse ne manque pas de soutien ⁷.

 

 

Abbé G. Hecquard

 

5. Encyclique Fulgens radiatur, dans Documentation catholique, XLIV (1947), 519.

6. S. Grégoire, Dialogues, II, 36.

7. Œuvres oratoires, Ed. Lebarq, Paris, 1921, IV, 630

Nouvelles de la Chapelle du Sacré-Cœur

  • Baptême le 2 avril de Juliette, née dans le foyer de Marie et Maxence Hecquard.
  • Ordination de l’abbé Dutertre le 26 mai à Verrua Savoia, près de Turin, en Italie…
  • Retraites à La Houssière : Retraites de sainte Gertrude

— pour les hommes : du 2 au 7 juillet 2018

— pour les dames et jeunes filles : du 6 au 11 août 2018

  • Retraites de saint Ignace :

— pour les hommes : du 10 au 15 septembre 2018,

— pour les dames : du 24 au 29 septembre 2018

  • L’association Notre-Dame de Vignemont fonctionne désormais.

Et si vous voulez soutenir l’apostolat de M. l’abbé Hecquard, tout en réduisant vos impôts (reçu fiscal délivré), faites un chèque ou un virement sur le compte de l’association, ci-dessous : 10278 37346 00011101801 82 Crédit mutuel Loches.

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